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Pouvoir et autorité

Lors de l’enregistrement du dernier épisode de The Leader Learner Podcast avec Theresa Destrebecq, nous avons exploré le pouvoir en entreprise: ce que c’est, d’où cela vient, comment le gérer.

Ce mot, « pouvoir », revêt toujours une aura mystérieuse pour moi: qu’est-ce qui fait que certaines personnes semblent en avoir, et d’autres pas? Pourquoi certaines personnes semblent en vouloir plus (souvent alors qu’elles en ont déjà)? Pourquoi certaines personnes le considèrent comme un gros mot maléfique?

Une chose m’a frappé lors de notre discussion: nous permettons à certaines personnes d’avoir du pouvoir sur nous. Nous leur donnons la permission de restreindre notre liberté même si ce n’est pas bon pour nous. Nous leur abandonnons notre libre arbitre.

Ce qui est très différent de reconnaître l’autorité de quelqu’un. Reconnaître l’autorité d’une personne, c’est accepter que celle-ci puisse orienter nos choix dans un cadre organisationnel donné (ma cheffe, par exemple): son rôle dans l’organisation indique que je dois remplir ses attentes parce qu’elle représente concrètement l’entreprise avec laquelle j’ai signé un contrat de travail; elle incarne l’institution.

Je peux donc accepter l’autorité de ma cheffe mais lui refuser un pouvoir sur moi.

Je vous concède que la nuance n’est pas claire, et elle ne l’est pas complètement dans ma tête. Cependant, j’ai l’intuition qu’il y a quelque chose d’essentiellement différent entre ces deux notions (que j’espère explorer dans mon travail de CAS en philosophie et management).

D’ailleurs, Etienne de La Boétie, au 16ème siècle déjà (!!), nous intimait dans le bien nommé Discours sur la servitude volontaire: « Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres ». De ne servir plus, de refuser la servitude, de nier à l’autre le contrôle de notre personne.

Et cela ne dépend que de nous. Alors pourquoi certaines personne ne le font-elles pas?

Hypothèse: donner le pouvoir à d’autres nous permet d’être protégés de décisions difficiles, de situations ambiguës ou incertaines. Zone de confort. La relation de dépendance qui s’installe est symbiotique: la personne qui a le pouvoir en a plus et celle qui l’a donné trouve un sens à son action par la soumission. Refuser la liberté par confort, comme le traître qui mange son steak dans Matrix.

Le danger? Se réveiller un jour enchaîné.e à une machine qui nous dépasse.

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