La science du cerveau avance
La science du cerveau est en plein boom: les techniques de cartographie du cerveau (dont l’IRMf, imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) permettent de détecter les zones actives du cerveau en fonction de l’activité exécutée; les mécanismes de la mémoire sont étudiés au niveau de leurs processus biochimiques; la psychologie et l’anthropologie se mettent en discussion avec les neurosciences pour profiter chacune de leurs apports respectifs. Bref, la science avance.
Envahis par les neuromachins
Le problème est que si la science avance, le reste du monde recule. Tapez « Neuro » dans votre moteur de recherche favori et vous mesurerez alors l’étendue des dégâts: les affamés du marketing démagogique s’en donnent à cœur joie. Neuro-drink (si si), neuro-feedback, neuro-marketing (bien sûr), neuro-cognitivisme, neuro-trading. Neuropean Union ne doit pas être loin derrière. La science, alibi marketing pour produits et services à destination des crédules. Cette épidémie ne s’arrête pas là. Dans certains marchés, si votre formation ne comporte pas de neuromachins, vous n’êtes pas pris au sérieux. La tentation est grande: parler d’un phénomène à la mode, ancré dans la science (dont les résultats ne sont appréciés que quand cela nous arrange), cela fait sérieux. Prendre en compte « les dernières découvertes de la neurobiologie », cela donne une légitimité que peu d’autres affirmations peuvent égaler.
Science utile
C’est à ce moment que vous devriez me dire: « Pourtant, Vincent, tu nous rabâches les oreilles avec ta sacro-sainte science et maintenant tu n’es pas d’accord que d’autres personnes l’utilisent? ». Et vous auriez tort. La science qui modélise, qui expérimente, qui publie, qui discute, mérite notre intérêt et notre respect. Tirer des enseignements pratiques de ces découvertes pour les produits et services que nous, fournisseurs, fournissons, est possible. Les moyens ne manquent pas: articles de revues scientifiques, livres, discussions en ligne (sur reddit.com, par exemple), émissions de télévision, etc. L’effort sera vraisemblablement considérable: selon les sujets, le contenu peut être difficile à digérer, ou en tous les cas demande une réflexion soutenue; la recherche de la validité des sources du contenu peut représenter un investissement en temps relativement important. En revanche, pour moi, cet effort est une obligation déontologique: comment faire la publicité d’un produit en sachant pertinemment que les bases scientifiques sur lesquelles il repose sont obsolètes, invérifiées, ou, pire, fausses? Comment le vendre alors que le lien entre ses bénéfices et la science invoquée est, au mieux, ténu?
Dans le domaine de la formation, comment parler de relation d’aide, de posture humaniste, d’authenticité, alors que je vends un produit dont je sais qu’il est frelaté? Le faire revient à adopter les pratiques des arracheurs de dents du Far West américain, vendeurs ambulants de potions magiques. Très peu pour moi.
Je compte sur vous pour me le rappeler, le cas échéant.