Le stress est un risque organisationnel, pas un problème de ressources humaines
Pendant des décennies, le stress au travail a été considéré comme une question individuelle à traiter par les RH — souvent via des programmes de bien-être ou des ateliers de gestion du stress — plutôt que comme un risque systémique, critique pour l’entreprise, nécessitant une supervision au niveau exécutif.
Les conséquences de cette vision dépassée perdurent, non par manque de sensibilisation, mais parce que le stress reste encore trop souvent perçu comme périphérique à la stratégie d’entreprise, au lieu d’en être un élément central.
Il faut donc chiffrer – mesurer le stress!
Une étude éclairante
Une étude récente de Harvard Business Review menée auprès de 1 005 professionnels à temps plein, issus de secteurs à forte intensité aux États-Unis et au Royaume-Uni, révèle que le stress élevé génère un coût supplémentaire de 5,3 millions USD par an pour chaque tranche de 1 000 employés.
Ce coût se répartit en trois dimensions : la maîtrise des coûts, la gestion des risques et la performance durable.
Maîtrise des coûts
L’augmentation du coût des assurances indemnités-journalières accentue l’urgence d’agir. Entre 2020 et 2024, les primes annuelles par employé aux États-Unis (assurance santé) ont bondi de 28 %, avec une hausse moyenne de 6,5 % par an. En Suisse, c’est un revendeur en assurances qui possède la Clinique du travail…
Gestion des risques
12 % des salariés interrogés reconnaissent avoir commis des erreurs, manqué des délais ou contourné des procédures de conformité sous l’effet du stress. Les employés très stressés ont 11 fois plus de chances de poser un risque de non-conformité. Les sanctions financières peuvent être lourdes, mais la perte de confiance des parties prenantes et l’atteinte à la réputation sont souvent plus difficiles à réparer.
Performance durable
Le stress chronique réduit la productivité. Les salariés très stressés prennent 8 fois plus de congés maladie et se désengagent 4 fois plus que leurs homologues moins stressés. L’absentéisme, le présentéisme (être présent sans être productif) et le turnover liés au stress coûtent en moyenne 12 000 USD par employé et par an — une perte silencieuse mais significative pour la rentabilité.
Si ces chiffres ne vous conviennent pas, faites quelques recherches, contactez Friendly Workspace de Promotion Santé Suisse: https://friendlyworkspace.ch/fr
Mesurer le stress
- Etablir un questionnaire
- Ajouter un indicateur « stress » au tableau de bord de l’entreprise
- L’analyser en réunion de direction
Une première étape simple consiste à poser une question tous les 6 mois :
Question 1: « Dans les 6 derniers mois, à quelle fréquence vous sentez-vous stressé.e au travail ? »
Réponses possibles : jamais, rarement, parfois, souvent, tout le temps.
Ces données permettent de cartographier les niveaux de stress dans l’organisation (bas, moyen, élevé):
- Bas: jamais, rarement
- Moyen: parfois
- Elevé: souvent, tout le temps
Ensuite, identifier les causes précises du stress, donc poser d’autres questions comme:
- Question 2: « Votre charge de travail et vos délais vous semblent-ils gérables ? »
- Question 3: « Vous sentez-vous à l’aise pour exprimer vos difficultés ou demander de l’aide ? »
- Question 4: « Vous sentez-vous traité.e avec respect par les personnes autour de vous, internes comme externes? »
Avec une échelle de Likert simple de 1 (oui) à 6 (non).
Cela permet de corréler le stress avec ses facteurs d’apparition, donc de mieux cibler les interventions correctives.
En fonction de la taille de l’organisation, demandez également dans quelle équipe / département se trouve la personne qui répond au questionnaire. Attention: garantir des standards stricts en matière de confidentialité dans la récolte des données!
Conclusion
Il est vital que vous commenciez à mesurer le stress comme le chiffre d’affaires ou le taux d’accidents!
Source: https://hbr.org/2025/06/employee-stress-is-a-business-risk-not-an-hr-problem
