Qu’est-ce que l’autorité?
L’autorité est un concept un peu flou et un peu magique. On la confond avec le pouvoir.
Définition: pouvoir donné en tant qu’état temporaire à partir d’une légitimité reconnue
Pouvoir: capacité à influer dans le temps sur les choix d’autres personnes.
Etymologie : du latin auctoritas qui signifie soutien, garantie ; auctoritas est lui-même dérivé de auctor qui signifie père, créateur, celui qui dispose, lui-même dérivé d’une conjugaison (auctum) de augeo qui est apparenté au grec ancien αὔξω (aúxô) qui contient la racine indo-européenne aug qui signifie accroître, faire croître, augmenter, développer.
Ainsi, une autorité est avant tout une entité (personne, institution) qui donne la capacité de croître, de développer. On peut imaginer que, traditionnellement, le choix de l’obéissance était fait parce que cette auctoritas permettait à la communauté, ou même à la communauté originelle, la famille, de se développer – où l’on retrouve le pater familias et sa gestion en bon père de famille profitable à tous ses membres. Avoir de l’autorité, c’est recevoir le mandat de sa communauté de la faire prospérer ; c’est être mis en situation de développer la communauté pour autant que son bien soit clairement l’objectif poursuivi par l’autorité.
Cas spéciaux :
- Grande capacité : puissance
- Capacité amène des bénéfices à certaines entités: prestige
- Pouvoir manifesté physiquement : force, ou, dans le cas extrême, de violence
- Choix contraints contre leur plein gré: domination
- Pouvoir accepté en vue d’un objectif commun: autorité
Ainsi, un pouvoir réalisé par l’obéissance est autorité ; un pouvoir réalisé par la violence est autoritaire, donc sans autorité.
8 piliers philosophiques de l’autorité
1. Confucius
- Fondement : Âge et expérience.
- Effet pervers : Conformisme et stagnation.
- « Je transmets l’enseignement des Anciens, sans rien créer de nouveau »
- Style leadership: traditionalisme
2. Platon
- Fondement : Savoir et vérité.
- Effet pervers : Dogmatisme et rejet populaire.
- Les personnes qui sont parvenues à la contemplation des essences immuables, après de longues années d’étude, possèdent une vision juste et définitive de ce qui est utile aux humains, sont destinées à exercer leur autorité sur toutes les autres
- Style leadership: aristocratisme
3. Robert Filmer
- Fondement : Paternité.
- Effet pervers : Paternalisme et infantilisation.
- Le père de famille « fait de son mieux pour la préservation de sa famille »
- Style leadership: paternalisme
4. Thomas Hobbes
- Fondement : Soumission volontaire à un chef.
- Effet pervers : Dérive autoritaire et sédition.
- Puisque les humains, naturellement, s’opposent et se détruisent mutuellement, ils cherchent eux-mêmes à ériger un pouvoir qui les protège les uns contre les autres, par la force s’il le faut. Ils décident donc de confier leur capacité d’autodéfense à un représentant, à qui l’on donne les moyens de sa mission : un pouvoir sans limites
- Style leadership: autoritarisme, dictature
5. Blaise Pascal
- Fondement : Titres et habitude.
- Effet pervers : Instabilité et artificialité.
- Celui qui endosse le costume de chef doit toujours garder « une double pensée : l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que ce n’était que le hasard qui l’avait mis en place où il était »
- Style leadership: ploutocratie
6. Denis Diderot
- Fondement : Libre parole.
- Effet pervers : Sophisme rhétorique.
- Cette confiance, qui permet que certains discours fassent autorité, s’appuie sur deux critères. Elle « est [fondée] sur le degré de science et de bonne foi qu’on reconnaît dans la personne qui parle »
- Style de leadership: charismatique / transformationnel
7. Max Weber
- Fondement : Charisme.
- Effet pervers : Démagogie et mythologisation.
- N’est-ce pas cette « grâce personnelle et extraordinaire d’un individu » qui pousse celui qui lui obéit « à travailler avec le dévouement d’un croyant au succès de la cause d’une personnalité et non pas tellement au profit des médiocrités abstraites d’un programme » ?
- Style de leadership: démagogie
8. Jürgen Habermas
- Fondement : Délibération collective.
- Effet pervers : Instabilité et lenteur.
- « L’autorité personnelle peut se transformer en autorité rationnelle ». Pour cela, il faut s’en remettre à une « éthique de la discussion » qui permet d’élaborer des décisions collectives sans coup de force. Ainsi, ce n’est plus une personne qui impose son autorité, mais une parole passée au crible de la critique d’autrui.
- Style de leadership: participatif
Quel est le meilleur style de leadership?
Nous ne sommes là (en tant que manager) pour obtenir des résultats de la meilleure manière possible.
Meilleure? Fonction de nos valeurs et de celles de l’organisation!
Sur quoi baser mon autorité?
Un peu de tout en quantité raisonnable, voir épisode 56:
- Expérience et connaissances
- Souci des autres
- Soutien de la hiérarchie et de l’organisation
- Charisme
- Ecoute / délibération
Source: https://www.philomag.com/articles/les-huit-piliers-de-lautorite